Au revoir monsieur Michaël !

Bonjour à toutes et à tous,

Décidément, il est des années où la loi des séries frappe sans que l’on s’y attende !

Après le départ… temporaire de Séverine pour un périple en Asie, il s’agit du départ cette fois… définitif, de notre cher Michaël !

Sa petite bouille malicieuse, son œil pétillant, sa passion qu’il savait partager dès qu’on l’interrogeait sur son métier, sa gentillesse, sa sincérité, nous manqueront beaucoup sous le préau de l’école !

Depuis le tout départ ou presque, il a accompagné l’aventure de l’AMAP des Jardins de la Roussière.
Il a rejoint Séverine qui avait créé l’AMAP au printemps 2010, en proposant un contrat œufs au début, vers l’automne de cette même année.

En effet, souvenez-vous pour les plus anciens, la 1ère distribution remonte déjà au… 1er juillet 2010 !

Pourtant, ce n’était pas la carrière qu’il avait en tête en poursuivant ses études, puisqu’il avait opté pour la filière… communication des entreprises !

Comme de plus en plus de personnes ; et il n’est nul besoin d’être devin pour prédire que cela risque d’être aujourd’hui la règle plus que l’exception ; il a opéré un virage à 180° et a décidé en 2005 de se lancer dans… l’agriculture !

A 25 ans il plaque tout, repart sur les bancs de l’école et suit pendant 10 mois une formation afin de pouvoir monter son exploitation et vendre des fruits de qualité !

Lors de cette formation, il rencontre celui qui deviendra son associé; Jean-Luc THIBAULT ; ils s’associent en 2009 et partagent leur expérience respective.

La Membrolle-sur-Longuenée. Depuis 20 ans, sa ferme tourne au bio. Image Ouest-France.

Leur credo : la biodiversité, l’agriculture durable, la diversification des productions et les circuits courts.

Jean-Luc est quant à lui un « vieux briscard », puisqu’il fonde la première AMAP du secteur en 2008 à la Membrolle-Sur-Longuenée.
Il faut reconnaître qu’il s’appuie sur une solide expérience dans la vente directe, puisque son exploitation, la ferme des noyers, remonte à 1998 !
Tout deux vont développer une exploitation qui va s’agrandir petit à petit jusqu’à couvrir plus de 11 ha !

Très clairement, leur conception du bio regroupe les critères essentiels aujourd’hui que l’on peut citer pour décrire une activité bio, mais cela n’allait pas forcément de soi, car à cette époque les AMAP balbutiaient encore dans le Maine et Loire.

La Membrolle fut la première à ouvrir le bal comme indiqué supra, suivie de Montreuil-Juigné et de Cantenay-Epinard puis Saint-Léger des Bois.

Ce n’est pas rien de défricher le terrain, car cela implique de tout construire ou presque : des clients de magasins de producteurs et Biocoop à convaincre puis à fidéliser, des marchés, des ventes à cueillir, des restaurateurs, bref, exploiter tous les circuits courts qui s’offrent à vous !

Pendant 10 ans, Michael a connu des moments de bonheur, mais aussi de doutes et de remises en cause très certainement, pendant 10 ans, l’expérience s’est forgée en luttant et en persévérant malgré les difficultés que la vie d’agriculteur bio ne manque pas de mettre sur votre chemin.

C’est un vrai sacerdoce à n’en pas douter, et même en partageant son travail avec son associé Jean-Luc, cela reste un lourd fardeau à porter !

Pour avoir interviewé Michael à deux reprises depuis que je suis webmaster, je sais que la Nature vous met à rude épreuve et lorsque vous parvenez enfin à mettre la tête hors de l’eau, on a le sentiment qu’elle s’ingénierait presque à vous l’enfoncer de nouveau dessous !

Pourriture du maïs pour les poules en 2016 au fonds d’un silo…

Alors bien évidemment tout n’est pas noir, il y a quand même les moments où la Nature vous fait profiter de sa bienveillance et son abondance, vient faire oublier les périodes de vaches maigres, où les rencontres avec des personnes de qualité vous apportent connaissances, réconfort et aide, mais il faut savoir « 100 fois sur le métier remettre son ouvrage » comme le dit si bien le dicton !

Souhaitant avoir l’avis de l’intéressé, j’ai posé la question suivante à Michael : quels sont tes bons mais aussi tes mauvais souvenirs au cours de ces 10 années passées dans la culture bio et incidemment au sein de l’AMAP ?
Résultat, ces propos très sincères en forme de bilan que je vous invite à lire si vous le voulez bien :

Voici les souvenirs que je garde de l’AMAP :

Les trajets hebdomadaires avec Séverine pour venir sur le lieu de distribution et Evelyne, toujours là.

Magalie, ma tutrice depuis le début (big up pour Magalie)

Les histoires (parfois joyeuses et parfois tristes mais toujours sincères) avec de nombreux amapiens,
Les histoires drôles de Régis.

Le petit côté taquin du président qui râle tout le temps parce que mes œufs ne lui plaisent jamais.

Les conseils d’administration toujours conviviaux ou chacun ramène à manger et à boire.

Les différentes assemblées générales : concert avec mon groupe de musique, repas chez les producteurs, la soirée jeu ou théâtre.

Funky Phonie, le groupe de Michael, lors de l’A.G en 2017…

A la Ronde des Fruits, les meilleurs souvenirs que je garde de mon expérience sont toutes les rencontres que j’ai pu faire : mes collègues producteurs, mes clients, mes salariés, mes stagiaires.
Ils sont beaucoup trop nombreux pour que je n’en cite que quelques uns.

Je garde un très bon souvenir des pauses café avec un bon gâteau ramené par l’un d’entre nous.

Je garde un excellent souvenir de voir tous ces gens cueillir dans mon carré de fraises de vente à cueillir.

Pendant ces 10 ans, j’ai vraiment fait ce que je voulais.
J’ai œuvré pour une meilleure alimentation.

Les mauvais souvenirs sont liés à la mécanique : tracteurs, outils tractés de travaux du sol, débroussailleuses…
Le problème c’est quand ça tombe en panne.
Quand on n’est pas mécano, on passe un temps fou pour réparer (quand on y arrive…).

Michaël sur son tracteur lors d’une interview en 2016…

Aussi les journées interminables pendant la pleine saison !

Voici l’exemple d’un vendredi de la fin juin :

Debout 6h00 pour arriver à 6h45 à la ferme car à 7h00, une vingtaine d’ados de 16-18 ans arrivent et demandent ce qu’il y a à cueillir.

Le vendredi les cueilleurs cueillent pour le marché de l’après-midi et du samedi matin, ainsi que des livraisons dans les biocoops.
Ça fait quelques barquettes…

Je les pèse toutes une par une (c’est chiant !!!).

A 14h00 mon marché est prêt et je pars en livraisons dans les biocoop.
J’arrive ensuite sur le marché pour 15h30 jusqu’à 20h00 (voire plus tard quand on boit un coup… on a un viti avec nous sur ce petit marché).

20h30 : Je rentre à la ferme et je recharge pour le marché de demain.
Je compte la caisse du marché.
Je me remets à la pesée des barquettes (c’est encore plus chiant de s’y remettre !!!) et je surgèle les fruits pour la transformation.
Oups, il est déjà 22h00…
Alors quand en plus, tu as du matériel qui tombe en panne, tu maudis ce métier ! 😊

Enfin, une question me taraudait, et je brûlais de la poser à Michael : que comptes tu faire maintenant, après ces 10 années d’AMAP ?

Voici sa réponse…

En terme de projet, il n’y a seulement que des grandes lignes.
Je pense reprendre un boulot salarié pendant 1 an ou 2, pour me permettre de toucher des droits au chômage et envisager pourquoi pas de me réinstaller.
On verra en fonction des opportunités.
Je commence dès à présent à postuler à des offres d’emplois.
Je vous tiendrais au courant.

Il est clair que même en ayant mûrement réfléchi un départ, il est toujours difficile de savoir exactement ce que l’on va faire.

Prendre un nouveau virage à 180° n’est jamais aussi simple que la première fois, retrouver la passion, l’étincelle qui a déclenché le processus de cette première fois.

Poursuivre dans la même voie, c’est capitaliser une expérience et tenter une nouvelle aventure sans repartir de zéro complètement, bref, toutes les possibilités sont offertes.

Certaine(s) parviennent à rebondir et changer radicalement de projet, de mode de vie, ce sont ceux qui ont la fibre entrepreneuriale dans le sang ou qui ont la tête remplie d’idées et de rêves ou passions à assouvir, mais il faut reconnaître que cela n’est pas donné à tout le monde  !

Aujourd’hui, la remise en cause est devenue systématique, comme je le disais au début, personne ne peut plus dire qu’il passera sa carrière dans la même entreprise, encore moins dans la même branche !

Pour en revenir à Michael, ce n’est pas un adieu, mais comme il nous l’a dit plus haut, un au revoir, nous aurons très certainement l’occasion de le rencontrer de nouveau !

Bonne chance à toi Michaël pour ta carrière et ton avenir !

D’ici là, bonnes fêtes de fin d’années à tous les AMAPiens !

2 réflexions sur « Au revoir monsieur Michaël ! »

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