Serenbe, l’utopie écologique ?

Bonjour à toutes et à tous,

Serenbe, une charmante petite bourgade de 1 500 habitants située à 30 mn d’Atlanta en Géorgie, est le lieu d’une expérience originale basée sur un nouveau concept : l’agri-quartier !

Une ferme créée de toute pièce a été construite en plein milieu des quartiers, elle est entourée de maisons flambant neuves.

Serenbe_mado

Seuls de riches citadins attirés par ce concept et l’appel de la Nature peuvent s’offrir celles-ci, car à plus de 600 000 euros, même pour un américain moyen, cela restera à jamais un rêve !

Vous pouvez construire, acheter ou louer, mais les prix restent à des niveaux élevés…

La communauté est constituée de plusieurs hameaux conçus sur le modèle des villages anglais, la sacro-sainte géométrie anglo-saxonne est la base, mais le point essentiel est d’utiliser le moins de terrain possible afin de se fondre dans la nature et de préserver les espaces « sauvages ».

Afin de couvrir les besoins énergétiques, toute la panoplie des énergies renouvelables est déployée : géothermie, solaire, éolien, etc.

Sur le site web de la charmante petite bourgade, une section est dédiée au choix sur plan et sur pièce, tout est pensé pour que le futur résident choisisse ce qui lui convient le mieux.
Il peut demander au promoteur de son choix de construire la maison (le BYOB, Bring Your Own Builder, ou Amenez Votre Propre Promoteur), ou opter pour ceux proposés par la communauté.
Il peut aussi louer ou bien acheter une des maisons disponibles.

Maison_a_vendre_Serenbe

Serenbe se décrit comme une communauté où il fait bon vivre, avec l’air frais, la campagne, et là, cela est pris « au pied de la lettre » en construisant les maisons autour de la ferme !

La bourgade a été construite à des kilomètres de la moindre ville, en plein pâturages, entouré de forêts.

Serenbe_vue_aerienne

Tout a été pensé pour y vivre en quasi autonomie : les restaurants, les commerces, même un centre commercial, à l’européenne comme cela est écrit en clair sur le site, mais tout en gardant une dimension humaine, basée sur le contact, les services, la communauté !
« Les commodités d’une grande ville au sein d’une petite ville, un lieu où vous connaissez tous vos voisins » comme le proclame le site !

Le but était de créer une communauté « multi-générationnelle », pour les « baby-boomers », de façon à se distinguer des nombreuses communautés de retraités, avec uniquement des… retraités !
Là encore, les valeurs de base de la communauté, l’entraide, la sérénité, la paix sont les mots qui reviennent le plus dans le discours bien rodé !

Si les jeunes cadres aisés sont une cible de choix, les retraités au fort pouvoir d’achat sont également ciblés, d’ailleurs les maisons sont conçues afin qu’ils puissent y vivre en toute autonomie quelle que soit leur condition physique.

La proximité est un autre point fort, de même que la santé et le bio étaient la réponse naturelle à ces aspirations !

La ferme bio de 3 hectares construite au sein de la communauté en est véritablement le cœur.

Serenbe_ferme_bio

Quel aspirant écolo ne craquerait pas devant ces magnifiques clichés et cette description aussi séduisante…

Là encore, tout a été pensé pour rappeler les fermes d’antan, la nostalgie a un fort pouvoir évocateur et convaincant dans la communication…

L’économie durable est le moteur, l’emploi, la formation, la construction tout est proposé et pensé dans ce but pour respecter les normes et certifications écologiques.

Serenbe dispose de son propre marché où des producteurs bio proposent les produits du cru, fournissent en produits locaux les quelques restaurants de la ville, et une étable a même été construite !

Serenbe_etables

Plus de 300 variétés de légumes, aromates, fleurs et fruits sont cultivés.

Mais dans cette communauté qui se veut autonome, tout le monde ne travaille pas à la ferme, loin de là, c’est ce qui fait la différence par rapport à d’autres communautés.

Les Yuppies (Young Urban People / Les Cadres Sups’ citadins) ne souhaitent pas « se salir les mains » pour la plupart, ce sont donc des apprentis qui sont payés par la copropriété pour s’occuper des 10 hectares de la ferme !

Outre les légumes, il y a les poulaillers, le bétail, bref, un peu comme si tous nos producteurs de l’AMAP étaient physiquement réunis au même endroit pour exercer leur métier !

Des commerces sont disponibles pour vendre tous les produits de la communauté, bien évidemment les légumes bio, la viande garantie sans hormones, le fromage issu de l’élevage local de vaches et de  chèvres.

Mais tout ne peut-être produit localement, ce sont alors des produits soigneusement sélectionnés pour respecter les valeurs prônées par la communauté qui sont choisies par les commerçants, comme le vin, la bière, les produits de la mer, etc.

Pour aller encore plus loin dans le concept tout a été fait pour respecter l’environnement, les forêts, les marais, la préservation de la Nature est l’autre point fort vanté par la communauté.

Il est possible de faire des promenades en forêt à pied, à vélo ou à cheval :

Serenbe_randonnee_cheval

De même, si la nature est omniprésente, la nourriture abondante et saine, il convient de nourrir l’esprit humain, les arts y sont donc également représentés avec le théâtre, le cinéma, la peinture.

Cette communauté « rêvée » à une histoire, et c’est celle de Stephan D. NYGREN, sa femme et ses enfants.

Après une carrière commencée dans l’hôtellerie en 1972, il a monté une chaîne de 34 restaurants appelés « Pleasant peasant » (que l’on peut plus ou moins traduire par « le plaisant fermier » ou « l’agriculteur aimable », c’est une allitération) à travers 8 états.

Il a quitté cette affaire lucrative en 1994 pour se retirer avec sa femme et ses 3 filles dans une ferme située juste en périphérie d’Atlanta, mais hélas, 6 ans après, l’urbanisation galopante les a forcé à quitter ce coin de paradis qu’ils avaient trouvé…

Famille_Nygren

Au début des années 2000, il fonde la « Chattahoochee Hills Country Alliance » (l’Alliance Campagnarde des Collines de Chatttahoochee) pour rassembler les propriétaires, les promoteurs et les défenseurs de l’environnement afin de trouver un projet commun pour une croissance raisonnée.

Après 2 ans de travail et de rencontres, un plan de développement avait été trouvé afin de préserver 70% des 16 000 hectares non loin d’Atlanta tout en fournissant 20% de logements en plus par rapport à des projets similaires.

C’est à partir de 2004 que débute l’expérience à Serenbe, afin de prouver que ce concept mélangeant étroitement les activités agricoles avec le commerce et le logement était possible.
Un reflet moderne des communautés d’il y a un siècle.

Cette expérience est effectivement très originale à maints égards, mais il reste à voir ce qu’elle deviendra avec le temps.

En effet, toutes ces maisons vont très probablement attirer les commerciaux aux dents longues, mais aussi les escrocs, les cambrioleurs, la criminalité urbaine sait parfaitement s’exporter vite et trouver des opportunités là où il y en a, surtout par temps de crise, même si de ce côté l’économie est plutôt saine aux Etats-Unis actuellement.
L’un des points à noter à cet égard est le fait que cette communauté n’a pas besoin de s’entourer d’une palissade infranchissable de guérites et de gardes armés  comme dans certains quartiers privés.

Par ailleurs, il reste à voir si la croissance raisonnée et l’économie durable sauront canaliser la croissance de la petite ville, car il arrive un moment où l’on doit franchir un seuil et cela conduit souvent à abaisser des standards ou à faire des compromis.
Peut-être que certaines implantations tenteront de s’établir non loin…

Il est fort à parier que des garde-fous empêcheront de telles dérives, mais au final, le seul maillon faible dans cette utopie c’est l’homme, avec ses bons comme ses mauvais côtés…

Souhaitons bonne chance à cette expérience parmi quelques autres plus anciennes ou plus récentes au travers des Etats-Unis, même si encore une fois, elle reste très « élitiste »…

C’est peut-être le prix à payer pour démocratiser un concept qui fera peut-être ses preuves…

 Le webmaster.

Bibliographie : http://serenbe.com/ ; un reportage passé sur France 2 en début d’année.

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