Quand le bio s’empare de la spiruline…

Bonjour à toutes et à tous,

Vous en avez probablement entendu parler autour de vous, d’une manière ou d’une autre, c’est devenu la grande tendance pour la santé !

La spiruline.

Spiral filaments under the microscope

Pourtant il y a encore quelques années, seuls quelques initiés, parmi eux les naturopathes, les herboristes, connaissaient cette micro-algue.

Or, cela fait des milliers d’années que celle-ci est produite dans certaines régions du monde, notamment en Afrique et en Amérique du sud.

Et si l’on remonte à son apparition sur Terre, elle était présente bien avant les dinosaures, elle est apparue il  y a environ 3,5 milliards d’années, la Terre s’étant formée elle, il y a environ 4,6 milliards d’années !

Drawing of a 3.6 billion year old cyanobacteria fossil

A cette époque, cette cyanobacterie (algue bleu/vert) décomposait le dioxyde de carbone (CO2) et l’eau grâce à l’énergie solaire en éléments composés de carbone et en eau, c’est le principe même de la photosynthèse qui nous permet aujourd’hui de respirer l’oxygène de l’air.

L’atmosphère primitive, faut-il le souligner, était à l’époque exclusivement composée de dioxyde de carobne (CO2) et de méthane (CH4), le fer et le souffre ainsi que d’autres composés étaient extrêmement abondants dans les océans et l’oxygène n’était pas présent sous forme libre, c’et à dire « O2 ».

Aujourd’hui, les algues représentent les 2/3 de notre biomasse.

Les micro-algues ont prospéré grâce à un mécanisme très simple mais efficace via leur ADN transmis de génération en génération par un anneau appelé plasmide, elles ont commencé à produire de plus en plus d’oxygène, au début un seul petit pourcent, puis , il y a environ 2,3 millions d’années la sexualité est apparue, le matériel génétique et toute sa mécanique s’est retrouvé dans un « noyau »,  rendant les mécanismes de reproduction un peu plus compliqués mais efficace (à noter toutefois que la spiruline qui nous intéresse plus particulièrement dans cet article est asexuée et se reproduit par division).

Enfin, il y a environ 600 millions d’années, le niveau d’oxygène s’est stabilisé plus ou moins à notre niveau actuel, c’est à dire environ 21%.

Plus proche de nous, au XVIème siècle, Bernal Diaz Del Castillo qui voyagea jusqu’au Mexique avec les soldats d’Hernan CORTEZ, découvrit entre autres merveilles, ce que les autochtones appelaient le « tecuitlatl », autrement dit des gâteaux élaborés à base de spiruline, très prisés de la population.

La micro-algue était alors recueillie à l’aide de filets à mailles très serrées sur les lacs, notamment le lac Texcoco, puis hissée dans les embarcations.

Transformée en galettes de 3 ou 4 cm d’épaisseur, elle était ensuite séchée au soleil une fois ramenée à terre et devenait au final un gâteau de 3 ou 4 mm d’épaisseur.

Olmèques, Toltèques, Mayas, Aztèques, toutes ces civilisations ont exploité les bienfaits de la spiruline, il est donc fort probable que la consommation remonte au moins à 1 000 ans avant J.C.

De l’autre côté de l’Océan Atlantique, un même intérêt s’est développé pour cette micro-algue, car le biotope offrait des conditions idéales pour son développement, c’est à dire des lacs riches en nutriments et une température suffisamment élevée tout au long de l’année pour lui permettre de se développer en quantité importante et de façon pérenne.

Ce sont les Kanembou, au Nord-est du Tchad qui ont exploité cet or bleu.

Dès le IXème siècle, les femmes le récupéraient avec des paniers tressés pour laisser l’eau s’écouler, puis le stockaient dans des pots de terre ou des gourdes.

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Elles enterraient ensuite la pâte dans des trous creusés dans les dunes entourant le lac Tchad, le sable chaud agissant comme alors comme un filtre.

La pâte était ensuite coupée en carrés puis séchée au soleil transformant ceux ci en biscuits secs appelés dihé.
Le dihé était ensuite mélangé avec le millet qui représente une grande partie de l’apport alimentaire, avec les tomates, le piment, le poisson et la viande ou mangé tel quel par les femmes enceintes.

La « re-découverte » de ce trésor par nos civilisations occidentales remonte à 1940 lorsque DANGEARD mentionne pour la première fois l’utilisation des spirulines dans l’alimentation humaine. Il apportait ainsi l’expérience de CREACH, pharmacien des troupes coloniales françaises, qui en 1939, s’était intéressé aux galettes séchées vendues sur les marchés de Massakong à 50 kilomètres du lac Tchad.

Dans les années 1960, un botaniste belge, Jean Léonard observe lui aussi pour la première fois les femmes  Kénambous récupérant la spiruline sur le lac.

Dès lors, de part ses qualités nutritives, elle s’est répandue comme une trainée de poudre et l’Inde, la Chine, le Kenya, le Maroc, etc. ont commencé à en produire dans les années 70/80.
La FAO, l’OMS, l’UNICEF  ne s’y sont pas trompés non plus et l’ont très rapidement considérée comme « ressource alimentaire non conventionnelle » digne d’intérêt !

Comme elles le soulignent dans de nombreux rapports : « Dans le monde, plus de 800 millons de personnes souffrent de sous-alimentation dont 200 millions d’enfants de moins de 5 ans.
Par ailleurs, des milliers d’enfants meurent chaque jours emportés par des maladies infectieuses sévèrement aggravées par la malnutrition« .

Depuis lors elle est produite un peu partout dans le ceinture tropicale, les grands laboratoires ont également commencé à s’y intéresser ne tardant pas à flairer le bon filon…

World map showing lakes with natural spirulina blooms

De son nom latin (Arthrospira platensis), la spiruline est une algue bleue/verte (cyanophycée) d’eau douce, les deux principales souches sont Spirulina maxima qui provient du Mexique et Spirulina platensis du Tchad.

Il est difficile de connaître la production mondiale actuelle et les coûts de la Spiruline.
Les chiffres donnés ci-dessous ne le sont qu’à titre indicatif.
Ils proviennent d’une étude réalisée en 2000 par le bureau d’étude Tractebel Consult en association avec le Centre Universitaire de Biotechnologie Algale (CUBIA), Belgique :

  • 1975 :      0
  • 1976 :   500
  • 1977 : 1000
  • 1978 : 1500
  • 1979 : 2000
  • 1980 : 2500
  • 1999 : 4000
  • 2017 : 5000 (autre source plus récente)

Lorsque la spiruline est produite à partir de ressources naturelles (lacs), plusieurs étapes sont nécessaires pour sa récolte :

  • la fine pellicule flottante de spiruline est récoltée dans des bateaux sur le lac
  • la spiruline ainsi collectée est transférée dans des bassins de culture dans lesquels elle va séjourner quelques temps
  • la filtration se fait sur des toiles inclinées après pressage, les spaghettis sont réalisés à l’aide d’un poussoir important guidé par plusieurs personnes
  • le séchage est fait sur des cadres exposés directement au soleil
  • la spiruline séchée est ensuite commercialisée sous des formes diverses

A l’heure où l’empreinte carbone sert de jalon pour se conformer aux diverses législations, la culture de spiruline est un excellent élève !

En effet, elle produit de l’oxygène et ne produit aucun gaz à effet de serre : au contraire, elle absorbe du CO2 à raison de 40 t par hectare.

Cultiver de la spiruline consomme 10 fois moins d’eau que cultiver du soja ou du maïs et offre un rendement protéique à l’hectare de 30 à 50 t 15 fois supérieur à celui du soja (2,5 t).

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La culture de la spiruline nécessite 100 fois moins d’eau que pour l’élevage pour un rendement protéique 100 fois supérieur (0,7 t de protéines à l’hectare pour l’élevage) et 20 fois moins d’eau que pour la culture de céréales.

Aujourd’hui aux États-Unis et en Chine, les plus gros producteurs, 1 kg de spiruline est produit toutes les… 3 secondes !

Mais comment est produite cette spiruline lorsqu’elle l’est de façon industrielle ou du moins hors biotope sous nos latitudes ?

Prenons l’exemple de petites entreprises françaises voir tableau ci-dessus), car celles-ci se multiplient dans toute la France, dans le su principalement, mais aussi dans l’ouest.
Nous en trouvons quelques unes en Bretagne, mais aussi plus proche de nous, dans le Maine-Et-Loire comme l’entreprise « Sens & Nat » à Sainte-Gemme-Sur-Loire…

Elle s’effectue sous serres afin de fournir la chaleur indispensable à la production de spiruline.Il faut tout d’abord produire les souches, cela se déroule avant Avril, après la période hivernale ou rien ne peut se passer du fait des basses températures sauf à utiliser de l’énergie fossile mais là on sort du cadre bio…
L’hiver sert à peaufiner la technique, développer de nouvelles souches dans les « nurseries », bref optimiser en prévision de la production.
Au printemps se sont les « semis » qui sont mis en culture.

Commencent alors les « semailles », pas comme vous avez l’habitude de le voir avec les graines dans le creux de la main déversées dans les sillons préalablement creusés par le jardinier, mais un prélèvement d’une petite quantité de la spiruline souche « bichonnée » pendant tout l’hiver !

La valeur d’une cuillère à café de spiruline est versée dans un bécher auquel on ajoute 300 mL de milieu de culture neuf, composé de produits alimentaires qui sont le secret de chaque producteur…

Typiquement du nitrate de potasse (salpêtre), additif autorisé dans la filière alimentaire bio, servant de conservateur.
Il s’agit de l’engrais azoté, nourriture essentielle de la spiruline.

En quelques jours, la spiruline colonise ce milieu de culture jusqu’à obtenir 360 mL de spiruline.
Ces 360 mL de spiruline sont à leur tour placés dans un nouveau récipient auquel sont ajoutés 1,5 litre de milieu de culture.

Image associée

Cette opération de dilution est reproduite plusieurs fois, jusqu’à obtenir suffisamment de spiruline pour remplir successivement un aquarium de 25 litres, puis de 100 litres et plus selon la taille des exploitations.

culture-de-la-spiruline-france-bioreacteur

La spiruline est ensuite transférée dans un photo-bioréacteur de 500 litres, dans un second de 1.000 litres, puis dans un bassin de 5m3, et enfin dans les bassins de culture.

Chacune de ces étapes est nécessaire pour éviter une dégénérescence de la souche, garantir une productivité optimale et ainsi assurer une spiruline de qualité.

La chaleur est indispensable comme évoqué au début de cette explication car la spiruline est « extrêmophile », c’est à dire qu’elle se développe dans des conditions extrêmes à une température comprise entre 19 et 40°C.
La température optimale de production étant de 30~35°C.
Les bassins contiennent de l’eau salée très basique dans laquelle on ajoute des sels minéraux, du phosphore et de l’azote (sous forme de nitrate de potasse évoqué plus haut).

Ainsi avec le soleil et la chaleur, les bassins deviennent verts en quelques semaines, la multiplication est très rapide.

Voilà, vous savez comment produire la spiruline dans une petite structure, mais nous avons évoqué le terme qui nous préoccupe tous, le bio !

Or là réside le « hic »…

Comme l’explique le site de l’association des spiruliniers de France dont je cite un long article, il n’existe pour l’heure AUCUNE spiruline Bio en France :

Mais qu’est-ce que le « bio » ?
- C’est produire des aliments sans utiliser de produits de synthèse (engrais ou pesticides), ni pour les faire croître, ni pour les soigner. Tout vient directement de la nature.
- C’est aussi répondre à un cahier des charges, utiliser les règles de l’agriculture biologique, et le faire vérifier par une société dénommée « organisme certificateur ».

Y a-t-il « bio » et « bio » ?
- Il existe plusieurs types de cahiers des charges. Certains sont officiels car reconnus par l’Europe, en attestent les logos « AB » ou « feuille européenne » ; leur contenu est public et validé par les institutions. De très nombreux autres sont privés, leur contenu est parfois connu, parfois tenu secret.
- Ne confondez pas la certification Bio et la société qui certifie : « AB » signifie que le produit est bio, « Naturland » ou « Ecocert » sont des organismes certificateurs, pour ne citer qu’eux (il en existe 8 en France, et de très nombreux à l’étranger).

DANS TOUS LES CAS : un logo ou une mention « bio » n’est pas un critère de qualité, mais atteste de la manière dont l’aliment a été produit. Il existe de très bons produits « bio », comme de moins bons ; il existe de très bons produits « non bio », comme de moins bons !

Pour cultiver de la spiruline vraiment « bio »… Il faut la « nourrir » avec les minéraux qui lui sont indispensables, et qui proviennent de la nature : soit extraction minière, soit par séparation depuis des composts, des déchets végétaux ou des jus issus de la méthanisation des matières organiques. Car la spiruline ne sait se nourrir qu’avec des minéraux dissous dans l’eau où elle vit.

Important : la culture de spiruline ne nécessite par nature l’emploi d’aucun pesticide.

En 2014, et après des années d’essais, la création en France d’unités capables de produire des minéraux compatibles avec la culture biologique a permis de mettre le bio à portée de tous les spiruliniers.

Vers un cahier des charges « spiruline biologique » reconnu par l’Europe :

La Fédération des Spiruliniers de France a déposé un cahier des charges « spiruline biologique » en Mai 2015. La validation est pour l’instant retardée car la spiruline a été classée en « algue marine » par l’Europe. Or la spiruline n’est ni une algue (c’est une cyanobactérie), ni marine (elle vit en eau douce riche en sels minéraux). Ce classement permet l’importation de spirulines produites hors Europe, avec un label bio AB ou/et feuille Européenne grâce aux « équivalences », ALORS QUE NOUS, PRODUCTEURS FRANÇAIS et Européens, N’AVONS PAS ENCORE ACCES A LA CERTIFICATION.

Dont acte pour la production, il ne s’agit comme on peut le voir que d’une question de temps, mais alors qu’en est-il des vertus de la spiruline ?

Rassurez-vous, la spiruline tient ses promesses et apporte de nombreux bienfaits à la santé à tous les stades, que ce soit en cas de coup de mou ou après une opération ou bien avant des efforts intensifs si l’on est sportif.

Une image vaut mieux que des mots, le tableau ci-dessous est assez éloquent !

Il n’y a par ailleurs aucun risque d’accoutumance, ni effet secondaire comme pour d’autres produits naturels ou de synthèse.

Elle a un effet détoxifiant naturel, elle est antioxydante et redynamisante au niveau du système immunitaire.
Sa forte concentration en bêta carotène est supposée favoriser la beauté de la peau et des cheveux.

La concentration de protéines et de vitamines dans la spiruline fait que beaucoup de scientifiques l’ont classé parmi les aliments les plus complets de la planète.

Elle a également d’autres effets que décrit en détail le site nutriformconcept.be, et que je vous laisserrai découvrir in-extenso ou sur le site plus connu Doctissimo.fr .

S’il faut retenir une chose, n’achetez pas n’importe quelle spiruline, un label comme Ecocert sera toujours préférable à de la spiruline produite en Chine ou dans des endroits avec une faible traçabilité, car les métaux lourds qui peuvent être présents dans l’eau sont concentrés dans les micro-algues, de mêmes certaines souches neurotoxiques ne sont pas à écarter…

A très bientôt

Le webmaster.

Bibliographie :

 

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